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Un beau petit coup de poing dans le cœur cette newsletter.

Je n'aime pas le monde dans lequel je vis. Je n'aime pas le monde qui se profile. J'ai de plus en plus l'impression de vivre dans une dystopie qui ne va faire que s'aggraver, année après année.

Avant-hier, j'ai lu le témoignage du neveu de Donald Trump, un certain Fred Trump, qui, en tant que père d'un enfant handicapé, dit avoir demandé de l'aide à son célèbre oncle. Celui-ci lui aurait alors répondu « les personnes handicapées devraient mourir, ce serait plus simple pour tout le monde ». Je ne sais pas si l'info est vraie, je n'ai pas poussé mes recherches plus loin, car c'est un sujet qui m'horrifie (vu que je suis quand même en première ligne), mais je n'ai étonnamment pas de mal à le croire.

On recule sur tout. Sur le droit des femmes. Sur le droit des peuples qui migrent pour une vie meilleure. Sur le droit de choisir le corps dans lequel on veut vivre. Sur le droit d'aimer qui on veut. Et visiblement, sur le droit de vivre dignement lorsqu'on n'a pas eu trop de chance à la loterie de la génétique (ou lorsqu'on a eu un accident, ça marche aussi).

C'est effrayant. Ça peut paraître un peu cliché, mais j'en fais réellement des insomnies. Je suis le genre de personne qui a besoin de se projeter dans le futur pour avancer, et c'est un peu compliqué dernièrement.

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Ca se comprend complètement. Je suis désolée pour le coup de poing, j'ai promis que la prochaine édition serait plus "carrée et pro", peut-être que je ferai un autre pas de côté, mais cette fois pour dire quelque chose qui fasse du bien.

Malheureusement, oui, ce qui se profile est nauséabond et il faut être fou pour se croire à l'abri. Personne ne l'est, si ce n'est ceux qui ont VRAIMENT les moyens. Et ils ne représentent que 1% des humains...

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J’ai l’impression qu’à force de tout faire pour que le moindre péquin se sente important, on a créé un monde où la forme a largement surpassé le fond.

Tout a été utilisé pour que la réalité soit suffisamment déformée afin que chacun y croit et que chacun n’y voit pas autre chose qu’une façon de s’élever en tant qu’individu qui compte.

L’ère du TOUT EST POSSIBLE pour TOUT LE MONDE a donné un monde où les barrières liées au discernement, au recul, au questionnement individuel, n’existent plus face à la promesse de la reconnaissance.

Le seul goal à atteindre est d’être adoubé. L’image avant tout, le sensationnalisme, la preuve sociale non prouvée… PEU IMPORTE comment ou par qui on est glorifié, seule la finalité compte, même si elle est totalement trafiquée et si elle impacte négativement le bien commun.

On n’a jamais eu autant l’occasion de prouver que nos valeurs humaines pouvaient surpasser les difficultés inhérentes au sort de la planète, à sa population. Pour autant, tout ce qu’on fait reste de servir des objectifs égocentriques qui n’ont absolument aucune putain de valeur si on prend un peu de distance.

On n’a jamais été autant connecté, jamais été aussi loin des autres… de la vérité, de tout ce qui est ou paraît un minimum sensé.

Tout ce qu’on vit dans la « vraie vie » n’est que conséquence de ce qu’on vit sur les réseaux. Le marketing de soi à des fins uniquement égoïstes sans aucune prise en considération de l’impact qu’engendrera notre potentielle exposition.

Trump, Zuckerberg, Musk… ça pourrait être des quiches de LinkedIn. Ça pourrait être ces gens gourouifiés qu’on valide aveuglément sans savoir réellement pourquoi ou ce qu’ils ont apporté de positivement concret.

La frontière entre le digital et le réel n’a jamais été aussi fine. On vit la réalité à travers le même écran de fumée que sur n’importe quelle plateforme. Le débat n’est plus la priorité, avoir raison par tous les moyens et bloquer la contradiction par tous les moyens sont devenus la norme devant cette certitude d’avoir un rôle à jouer quelque part !

Sauf que c’est l’enrobage du monde qui a changé, qui est devenu une espèce de sitcom storytellée maladroitement et supporté par des valeurs que personne ne s’appliquent jamais.

Fondamentalement, il est resté le même lui, en pire si on constate les problématiques écologiques. J’me demande du coup comment on va pouvoir survivre si plus aucun repère n’existe. Si on doit s’en remettre à des gens validés par d’autres gens incapables du moindre discernement.

Je pense que quelqu’un ou quelque chose sifflera un jour la fin de la récré, que le mur qu’on se prendra dans la gueule calmera tout le monde, même les plus oxygénés.

Et on admettra peut-être qu’on n’a jamais vraiment su ce qu’on faisait à part secouer les bras pour mal exister.

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Je vois que tu suis tout à fait mon cheminement personnel. Le fameux quart d'heure de célébrité s'est transformé en véritable business de longue haleine et à titre personnel, j'en ai assez.

Cf : mon post sur le fait qu'on faisait en permanence de la transaction. Tout ce que nous faisons, nous ne le faisons plus pour nous, mais pour les autres. C'est une véritable aliénation et négation de notre espace et de qui nous sommes.

Tu parles de repères, c'est précisément le fond du propos de Viktorovitch, et le mien. Si plus rien n'a de sens (en changeant le sens des mots, des faits, etc.), alors tout est possible. Même le pire, comme il le dit.

Et pendant que nous sommes occupés à nous chamailler pour gratter quelques miettes de "fame", on ne se rend pas compte que la température de l'eau augmente chaque jour un peu plus. Au sens propre, comme au figuré. Des grenouilles. Nous ne sommes que des grenouilles dans une gigantesque marmite.

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Ouais j’avoue je t’ai posé une tartine mais qui décrivait mon ressenti par rapport à tes écrits, sans même savoir si j’étais très hors sujet ou pas.

T’as parfaitement raison, mais tu deviens dès lors une casseuse d’ambiance dont le rôle est de briser les rêves des autres. Ce que je résume avec une citation de Dostoïevski :

« La tolérance atteindra un tel niveau que les personnes intelligentes seront interdites de toutes réflexions pour ne pas offenser les imbéciles. »

J’ai rarement lu un truc aussi juste. Je vais essayer d’en faire un écrit d’ici peu.

🙏

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Si tu savais à quel point c'est ma croix depuis gamine... J'ai souvenir d'une discussion sur une terrasse, vers mes 11 ans, avec mon père, quand j'exprimais le souhait de ne plus aller à l'église (nous étions orthodoxes), car je lui exposais mon point de vue sur le fait que l'église n'était qu'un moyen de contrôle de la foi, une preuve sociale, alors que notre foi ne regardait que nous et que notre relation à Dieu n'avait besoin d'aucun homme.

(Bon, après, j'ai aussi détricoté ma foi... mais ça m'a pris plus de temps).

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En réalité, je crois qu’il « suffit » de se rappeler que tout ça n’existe pas… Tout ce système créé par l’homme pour « organiser » le monde et très bien décrypté dans le 1er Matrix n’est basé que sur notre capacité à y croire pour nous rassurer sur notre contrôle des choses.

C’est pas palpable tout ça. Imagine qu’on est juste exposé à une simple panne informatique mondiale. Que tout s’écroule si un fil pète, qu’un volcan se réveille ou qu’une pandémie éclate… Ça remet en perspective je trouve.

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C'est le principe même de la suspension de crédulité nécessaire au récit.

Et tu viens de toucher du doigt pourquoi je me sens aussi détachée de tout et que les gens me trouvent bizarre. Quand je parle du fait qu'être dans ma tête, c'est voir les lignes de code de la Matrice, les gens me prennent pour une folle x'D

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On n’est pas si différents.

On l’exprime pas de la même façon juste.

Quoique…

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J'ai tellement pas de mots, sauf ceux-là, qui tournent un boucle dans ma tête à la lecture de ta newsletter : Les livres d'Histoire sont écrits par les vainqueurs. Qui dit vainqueur, dit conflit. On choisit notre camp, sauf que là on est de nouveau sur un modèle de david contre goliath.

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Hélas, oui. Et malheureusement, ça a toujours été la narration employée (si on excepte tout le récit impérialiste qui est basé sur la découverte et la conquête). Quand tu vois le branding de Napoléon, tu vois bien le narratif du "petit caporal d'île paumée devenu Empereur".

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Toujours un petit bonheur cette newsletter ! Et comme toujours très à propos de l'actualité, j'ai du voir les propos de Zuck y'a a peine deux jours... Etrangement, si j'ai pu être amusé sur la lecture des premières lignes, c'est la sidération qui ma tenu la main sur la fin de l'article. Certes je suis au courant de tout ce dont tu parles, certes j'ai un profond dégout et une peur viscérale au sujet de Trump et Musk mais je l'avais un peu enfouie.. Merde Camille ! Pourquoi ta plume est elle aussi incisive et parlante de vérité ? Pourquoi ça me touche autant ? Ouai, l'horizon à l'air bien merdique. Heureusement que tu as pu glisser le mot bite à un moment donné, j'ai ri.

Big up à toi, c'était incroyable !

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Faut bien se remonter le moral de temps en temps... Je ne fais plus ce genre d'édito, car ça me mine. J'en faisais beaucoup il y a plus de dix ans, un peu comme le Gorafi faisait beaucoup de parodies. Mais eux comme moi en sommes au stade du "oh et puis merde" quand on voit le monde s'emballer.

Le problème de ce qu'il se passe c'est que, mis bout à bout, ça commence à vraiment faire beaucoup et à puer sévère. Pas assez, manifestement. Mais n'est-ce pas le principe même de la grenouille dans son eau bouillante...?

Merci à toi, et hauts les coeurs !

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Je l'avais vu l'intervention de Viktorovitch, si je me rappelle bien. Et non, effectivement, y'a pas vraiment de dramatisation 🙃

Et big up à cette punchline, "La vérité n'est qu'un récit qui s'impose".

En fait c'est juste l'incroyable pouvoir performatif du discours, puisque comme tu le pointes, lorsqu'une idée est répétée, martelée, elle façonne la réalité en modelant les croyances et les comportements, donc conséquence, la vérité devient un produit concurrentiel sur un marché saturé de récits - 'fin bref je vais pas refaire ton argumentaire, c'est très bien détaillé.

Je vais quand même te laisser avec deux questions merdiques (😶) qui ont émergé à la lecture :

- Si tout est récit, qui détient le pouvoir de légitimer une version du monde ?

- Peut-on (et doit-on en fait) restaurer des critères de vérité sans tomber dans une sorte d'autoritarisme ?

PS : tu fais chier, j'étais en train de rédiger ma news (très en retard pour une fois, je sais même pas si je vais réussir à finir) et je vais encore devoir faire un encart Ping-Pong avec la tienne.

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Des questions qui sont très loin d'être merdiques, justement ! Qui décide et détient le Réel ? Un vrai challenge que devront relever nos démocraties déjà bien mises à mal...

Je te conseille vivement ses livres, tu vas adorer !

PS : Hâte de lire ton propos, car j'ai vu dans l'actu de quoi faire une très très belle édition de la plume déchaînée encore !

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